Ilaf HAIDAR
Visual Artist
À propos de la peinture d’Ilaf Haidar:
Que peindre quand tous les médias nous submergent dans la marée des images, une marée qui ne reflue jamais ? Comment peindre alors que les écrans nous illusionnent de leur transparence factice et qu’ils nous font croire que le monde, le « vrai » autant que celui de la représentation, est lisse comme une banquise d’opérette ?
Nous gardons en mémoire de façon permanente, sans doute, cette patinoire visuelle qui forme notre quotidien, voire la visualité de notre outil le plus proche, le double de notre cerveau, cet ordinateur qui s’est rendu insidieusement indispensable à notre pensée, nos actions, nos sensations et émotions et, peut-être, même nos sentiments… Que faire de cela lorsque l’on est peintre, sinon se souvenir que les images du monde ne se projettent pas d’abord dans notre mémoire par le biais de notre vision directe – dont on ose à peine encore rappeler la subjectivité – mais par le relais de cette surface imperceptiblement ponctuée de petits points qui transpercent notre cornée, qui nous blessent, nous vrillent et frappent notre conscience, y laissant une empreinte qui se veut peut-être passagère, mais qui s’avère aussi indélébile qu’un tatouage. Un tatouage de la conscience. Comment peindre encore ? Voilà le projet pictural d’Ilaf. Mais.
Mais. Se souvenir que l’image du monde qui apparaît au bord du gouffre numérique traverse l’écran plus vite que le pinceau. Que cette vitesse ne laisse aucune chance de saisir ou de prendre dans ses mains quelque chose de ce qu’il a été, car toujours l’image sur l’écran s’écrit au passé. Et quand on est peintre, la main tient bon le pinceau. Le regard tient bon l’image qui se forme sur la toile. L’œil connait la couleur qui s’étale : quelle qu’en soit la vitesse de libération, cette tache de couleur, ce coup de pinceau fulgurant, cet éclat flamboyant de lumière, cette transparence de la pâte colorée, tout cela est là depuis si longtemps que cela défie l’insaisissable légèreté du passage de l’image écranique.
Il y a donc un défi dans le travail d’Ilaf Haïdar, à vouloir non pas rivaliser avec l’écran, mais témoigner du passage furtif et mouvant des images numériques, dans un médium qui a une histoire, une profondeur de temps. Il n’y a aucun challenge, ce n’est pas ça, elle ne fait pas la course. Elle ne se dit pas : je vais gagner de vitesse. Car il n’y a pas de course. Il suffit seulement de ressortir de la perception intime la marque, l’ombre, l’empreinte, le frôlement, le souffle des images, du mouvement, oui, mais le souffle de la vie, l’âme, le pneuma, ce qui nous fait chanter : voilà, sur ses toiles, le chant. Le chant de la peinture, le chant de la vie, et qu’importe les écrans qui nous emprisonnent… la liberté est dans la peinture.
Jean-François Robic, 23 septembre 2016
Ilaf Haidar is a visual artist born in France in 1984.
She received her degree in fine arts from the University of Damascus in 2006.
Dreaming of deepening her knowledge in arts and expanding her horizon, she came back to her country of birth ‘France’, where she obtained a master’s degree in Fine arts at the university of Jules Verne in Amiens in 2015, and is now preparing her PHD in the same domain.
Her research is based on the relationship between technology, vision and the pictorial practice. In which she is focusing on the impact of modern screens on our vision and our perception of art.
Ilaf’s artistic practices include painting, photography, photomontage and videos. In her paintings she uses a wide palette of techniques from ink on paper to mixed techniques on canvas. Her approach leans on the material, the colors and the light. Using gestures and traces she expresses her feelings which are evoked by the remains of her memories, good or bad
Ilaf Haidar est une artiste plasticienne née en France en 1984.
Elle a obtenu son diplôme en beaux-arts de l'Université de Damas en 2006.
Rêvant d'approfondir ses connaissances dans le domaine des arts et d'élargir son horizon, elle est revenue dans son pays de naissance, la France, où elle a obtenu un master en beaux-arts de l'université Jules Verne d'Amiens en 2015 et elle prépare actuellement son doctorat dans le même domaine.
Ses recherches sont basées sur la relation entre technologie, vision et pratique picturale. Dans lequel elle se concentre sur l'impact des écrans modernes sur notre vision et notre perception de l'art.
Les pratiques artistiques d’Ilaf incluent la peinture, la photographie, le photomontage et les vidéos. Dans ses peintures, elle utilise une large palette de techniques allant de l'encre sur papier aux techniques mixtes sur toile. Son approche s'appuie sur la matière, les couleurs et la lumière. À l'aide de gestes et de traces, elle exprime ses sentiments évoqués par les restes de ses souvenirs, bons ou mauvais.